Luc nous parle de ses multiples expériences sur les chemins de Compostelle en France et en Espagne.
Pourquoi cheminer vers Compostelle ? Quelles étaient vos motivations ?
Je n'avais pas de motivation très claire lorsqu'en 2005 j'ai emprunté mon premier camino, si ce n'est que je venais de quitter ma vie professionnelle et que le chemin de Saint Jacques était un de mes projets (parmi beaucoup d'autres) d'occupation de ma retraite.
Après 3 caminos, j'ai eu le temps d'approfondir mes motivations.
La première est mon goût de la marche en solitaire, goût que j'ai hérité de mes parents vosgiens.
La seconde, c'est que le chemin reste pour moi une aventure dans un monde très (trop) sécurisé. Je porte sur mon dos tout ce que je possède. Chaque journée, chaque détour du chemin, chaque rencontre réservent ses surprises.
La dernière, c'est que le chemin est un pèlerinage. Pas au sens d'aller prier sur la tombe de l'apôtre. Mais au sens d'Abraham : une longue marche à la rencontre des autres et de soi-même (et Dieu sait que les longues heures de marche sont propices à l'introspection). Et, pour les croyants dont je suis, une rencontre avec Dieu.
Quelle(s) voie(s) avez- vous empruntée(s) ?
En 2005, je suis parti avec ma femme sur la voie du Puy et le camino Francès.
En
2009, j'ai emprunté la voie d'Arles depuis Pau. J'ai franchi le
Somport, emprunté le camino Aragonès, puis le camino Francès à partir de
Puente la Rena.
En 2012, je suis parti de Bayonne sur le camino del Norte que j'ai quitté à Villaviciosa pour prendre le camino Primitivo.
Mon plus grand coup de cœur est certainement la Meseta, cette immensité plate entre Burgos et Léon. Ce passage ne peut qu'être adoré ou détesté !
J'ai aussi beaucoup aimé la traversée des Asturies et son agriculture de montagne qui m'a ramené plus de cinquante ans en arrière.
Les accueils spécifiquement pèlerins, souvent tenus par des religieux mais pas toujours, m'ont beaucoup apporté : le monastère des filles de Jésus à Veylats, Granon, Tosantos, Güemes...
Quelles sont pour vous les bénéfices du chemin ? Que retenez vous de positif ?
Je crois que le chemin de Saint Jacques vous transforme.
Comment ? La réponse dépend sans doute de chacun ! Pour moi, il s'agit sans doute d'une attention plus grande aux autres et un regard plus paisible sur les événements de la vie.
Qu'avez-vous appris sur vous-même ?
Que certaine de mes limites physiques étaient dans ma tête plus que dans mon corps.
Avez-vous rencontré des difficultés ?
Je crois que certains pèlerins, peut être plus nombreux qu'on le croit, vont à la rencontre d'une épreuve en prenant le chemin. Quelque chose qu'ils n'imaginaient pas et qu'ils ne pouvaient pas anticiper. C'est parfois physique, mais cela peut aussi être moral. Généralement, on doit surmonter cette épreuve pour arriver à Santiago. Et on en sort grandi.
Mon épreuve personnelle a concerné ma relation avec ma femme qui a traversé un phase très difficile peu avant Burgos, mais dont nous sommes sortis tous les deux plus rapproché que jamais.
Quels conseils donneriez-vous aux futurs pèlerins ?
Mon conseil principal est de se réjouir chaque jour.
Comme dans la vie quotidienne, certains événements peuvent vous gâcher la journée : un ronfleur vous fait passer une nuit blanche (fréquent si vous n’avez pas emmené de boules Quiès), un hôte où une hôtesse vous accueille mal (rare mais possible), une serveuse maladroite renverse un plat de spaghettis sur vos genoux (exceptionnel, mais cela m’est arrivé), on vous facture la tranche de pain supplémentaire que vous avez demandée pour le petit déjeuner (Eh, Oui ! Les coutumes changent d’un pays à l’autre !).
N’attisez pas votre rancœur et votre colère.
Vous vivez une expérience exceptionnelle et peut-être unique dans votre vie. Ne la gâchez pas par votre mauvaise humeur, savourez-en chaque instant !
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