mardi 28 juillet 2009

Nous sommes tous liés...


"Ne dit pas que je partirai demain
Car je ne sais aujourd'hui encore.
Regarde profondément : je nais à chaque seconde.
Je suis un bourgeon sur une branche au printemps.
Je suis un petit oiseau aux ailes encore fragiles
Qui apprend à chanter dans son nouveau nid.
Je suis une chenille au coeur d'une fleur.
Je suis un joyau caché dans la roche.
Je ne cesse de naître, pour rire et pour pleurer,
Pour craindre et espérer.
Le rythme de mon coeur, c'est la naissance
Et la mort de tous les êtres en vie.
Je suis l'éphémère se métamorphosant à la surface de la rivière
Et je suis l'oiseau qui, quand le printemps arrive, naît juste à temps pour manger l'éphémère.
Je suis la grenouille qui nage heureuse dans l'étang clair.
Et je suis l'orvet qui, approchant en silence, se nourrit de la grenouille.
Je suis l'enfant d'Ouganda, je n'ai que la peau et les os,
Mes jambes aussi minces qu'un bambou fragile
Et je suis le marchand d'armes qui vend des armes mortelles à l'Ouganda.
Je suis la jeune fille de 12 ans, réfugiée sur un esquif
Qui se jette dans l'océan après avoir été violée par un pirate
Et je suis le pirate, mon coeur encore aveugle, incapable de voir et d'aimer.
Je suis un membre du Politburo, avec tant de pouvoir entre mes mains
Et je suis l'homme qui doit payer sa dette de sang à mon peuple,
Agonisant lentement dans un camp de travail.
Ma joie est comme le printemps, si chaude qu'elle fait fleurir les fleurs sur tous les chemins de la vie.
Ma souffrance est comme une rivière de larmes, si pleine qu'elle remplit les quatre océans.
S'il vous plaît, appelez-moi par mes vrais noms
Que j'entende ensemble mes cris et mes rires,
Que je voie ma joie mais aussi ma peine.
S'il vous plaît, appelez-moi par mes vrais noms
Pour que je puisse me réveiller
Et pour que reste ouverte la porte de mon coeur,
La porte de la compassion."

Poème de Thich Nhat Hanh, extrait du livre "La sérénité de l'instant".

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